Tom était né en même temps que le barrage.
Le jour même de sa mise en service, Lucie avait perdu les eaux, donnant naissance à son enfant alors qu’un lac achevait de se former aux abords du village.
Les eaux avaient monté, engloutissant une partie de la vallée. Mais les gens du coin n’en avaient pas eu peur : on leur avait assuré que le niveau se stabiliserait bien en-dessous de celui de la première maison. On avait tenu parole, et c’est avec un intérêt mêlé de prudence que Lucie sortit, dès le lendemain de la naissance, découvrir ce lac nouveau-né, Tom dans les bras.
Le bébé avait peine à ouvrir les yeux sous la lumière du soleil de printemps, mais dès que sa mère fut au bord de l’eau, il manifesta un intérêt qui surprit et amusa Lucie. Elle tourna le petit corps vers l’étendue calme, lui offrant la caresse du vent et le spectacle de l’immensité nouvelle qui leur faisait face, et Tom parut absorber tout entier la sérénité de l’endroit. Il était bien trop jeune pour sourire, mais Lucie se réjouit du bien-être manifeste que leur avait apporté cette première sortie ensemble. Tom avait ouvert les yeux sur un monde mystérieux mais rassurant, et elle fut heureuse à l’idée de la communion immédiate entre son enfant et les lieux qui allaient le voir grandir.
… la suite… à venir 😉 !
Une réponse à Les poissons volants