La berline surgit du troisième sous-sol. Crescendo, le crissement des pneus m’efface, le temps d’un virage, puis s’atténue, avant de disparaître. Je poursuis mon jeu, imperturbablement – les variations Goldberg ne souffriraient aucune interruption et je m’efforce de ne pas me laisser perturber par les pollutions sonores, quelles qu’elles soient. La nuit, dans ce parking qui abrite désormais mes dernières heures laborieuses, je ne suis pas trop dérangé, et il se passe parfois plus d’une heure sans que rien ne vienne perturber la musique de mon piano. Ces moments me sont doux, et précieux, car ils me rappellent un passé heureux – celui où je vivais comme les autres.
Je suis pianiste de parking. C’est tout ce qu’on veut bien me laisser faire aujourd’hui. Et je m’en contente. La musique est tout ce qui me reste ; elle est ce qui me tient en vie – et aussi ce qui me donne corps, maintenant que je ne suis plus qu’une ombre.
… la suite : à venir ! 😉
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